Origine et histoire du Château de Montmarin
Le domaine de Montmarin, situé à Pleurtuit et dominant l'estuaire de la Rance, a été édifié pour Aaron(-Pierre) Magon, seigneur du Bosc ; les sources indiquent des dates de construction variables (1758–1763) et 1760. Vendue en 1782 à Benjamin Dubois, armateur de Saint-Servan, la propriété voit alors l'anse de Créhen, en contrebas au sud du château, aménagée en chantier naval avec bassin à flot ; la chapelle semble remonter à la même époque. Les jardins d'origine, de style à la française et attestés par la Carte des Côtes de France de 1775 et un inventaire de 1782, se développent en quatre plans de terrasses successives descendant vers l'estuaire ; de cette période subsistent la disposition générale des terrasses et plusieurs arbres remarquables, notamment un magnolia grandiflora, des tilleuls et des charmilles. Plus ou moins délaissé au XIXe siècle, le domaine est racheté en 1885 par un membre de la famille Bazin de Jessey, qui fait remettre en état les terrasses supérieures, restituer les parterres classiques et transformer la moitié inférieure du jardin en parc paysager à l'anglaise avec vastes pelouses et groupes d'arbres. D'importants travaux à la fin du XIXe siècle modifient également le bâti : le corps de logis est transformé par l'extension des ailes de part et d'autre du corps central, la distribution intérieure est remaniée — notamment par la suppression de l'escalier principal dans le vestibule —, les allées séparant le corps principal des pavillons sont supprimées et les escaliers latéraux sont déplacés et reconstruits. Dans la cour, on installe un bassin de marbre provenant de la Basse Flourie à Saint-Servan, on ajoute une ligne d'arcades doublant le mur côté chemin et l'on remonte, à l'envers, un portail du XVIIe siècle couvert d'un arc en plein cintre. L'ensemble des aménagements paysagers a ensuite été enrichi de nombreuses espèces, conférant au parc un intérêt de jardin de collection apprécié des spécialistes et du public lors de manifestations régulières. Le château ne correspond pas au schéma classique de la malouinière : son architecture, avec un corps de logis très élevé par rapport au toit côté cour et des toits en carène renversée côté jardin, le distingue des maisons rurales inspirées des hôtels de Saint-Malo. Le château est classé au titre des monuments historiques depuis juillet 1966 ; le parc l'est depuis mai 1995 et les jardins sont également labellisés « Jardin remarquable ».